L’engagement militant de Natagora
Les missions de Natagora sont habituellement synthétisées à travers quatre verbes : étudier, sensibiliser, protéger, s’impliquer. On pourrait en ajouter un, en plein essor dans la vie de l'association : militer.
Dernière mise à jour :
Un engagement multiforme
L’engagement chez Natagora prend souvent des formes hybrides comme l’illustre l’exemple suivant : en vous impliquant dans une opération de sauvetage des batraciens vous contribuez à sensibiliser les automobilistes locaux, à directement protéger l'herpétofaune qui traverse les routes et à étudier leur population en les recensant. Une interpellation des pouvoirs locaux en faveur d’un aménagement pérenne de type crapauduc pourrait venir compléter le tableau. On pourrait décomposer une bonne proportion des projets menés au sein de Natagora selon ces quatre verbes.
Que votre implication passe par la participation à ou par l’organisation de chantiers de gestion, de stands au contact du public, de conférences, de guidances naturalistes, de poses de nichoirs, de création/préservation d’habitats naturels, d'événement multisites, desuivis de population, etc… vous contribuez à la préservation du vivant aux côtés de Natagora et nous vous en remercions !
Militer chez Natagora?
Quinoa, ONG d'éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire, a popularisé une grille de lecture de l’action collective en fonction de son rapport au pouvoir. Il faut ici comprendre “pouvoir” comme étant “les instances ayant la légitimité d’imposer des choix dans une situation donnée”. Ce pouvoir peut donc être de nature économique, politique, privé, public, etc.
Il en ressort trois grandes postures dont les deux dernières (dialogue/autonomie) sont largement investies par Natagora : contre / avec / sans le pouvoir. Les groupes de volontaires ont plus facilement tendance à investir les trois postures. Chaque posture (voir schéma ci-contre) présente un intérêt, des limites et une pertinence dans des situations et dans des temporalités données, à ce titre on peut dire qu’elles sont complémentaires. Il est parfois utile de collaborer avec d’autres associations plus radicales tout en maintenant une position plus modérée, parfois le positionnement d’une régionale peut aussi stratégiquement varier en fonction des différentes réalités communales sur son territoire.
Si on accepte l’engagement militant comme toute forme de mobilisation s’inscrivant dans une lutte, un combat pour une idée -la préservation de la biodiversité dans le cas de Natagora- dans une démarche politique au sens large, alors chez Natagora on peut ranger sous cette appellation toute action collective s’inscrivant dans une forme d’opposition à des actions et des acteurs de la destruction du vivant (qu’il s’agisse d’un particulier, d’un collectif, d’une entreprise, d’un secteur économique ou d’un ou plusieurs pouvoirs publics ou transnationaux).
L’opposition, comme le conflit, ne rime pas avec "stérile" ou "négatif". L'opposition n'est pas un objectif en soi, c'est plutôt l’affirmation d'un désaccord, parfois profond, avec une idée (ou la façon dont elle est réalisée) et son porteur. Le conflit est la situation naturelle qui advient lorsque des pouvoirs entrent en collision, comme c’est naturellement le cas dans une démocratie.
Cette approche minoritaire existe déjà chez Natagora. En voici quelques exemples (il y en a bien d'autres) :
- lancer ou relayer une pétition : Stop Dérive Chasse, No Nature No Future, ...
- organiser ou participer à une manifestation dans l’espace public : Manifestation autour de la PAC (avec L’Unab et la coalition ImPAACte) [Article de Nature & Progrès], multiples manifestations climat, ...
- soutenir des collectifs qui défendent des espaces naturels menacés par des projets (urbains/immobiliers/autoroutiers/...) en encodant un maximum d'observations sur les sites concernés : Cristal Park (Liège), Projet de vélodrome au Sart Hulet (Namur), ...
- participer à une enquête publique (ou à toute autre forme de consultation citoyenne) : Contournement Nord de Wavre (projet autoroutier), ...
- mener ou participer à différentes interpellations de représentant·es politique et/ou de l’administration : Friche Josaphat (Bruxelles), Plaine de Boneffe, ...
Chez Natagora, le projet Réaction Locale s’attache à réagir aux atteintes observées par tou·tes et à la façon dont il est possible d’utiliser la loi à l’avantage du vivant. Notons que le mouvement “Occupons le terrain” a très bien documenté la lutte contre les projets d’urbanisme problématiques (voir liens en fin d'article).
Le spectre des actions “environnementales” militantes s’étend au-delà de Natagora jusqu’à l’éco-sabotage en passant par différentes formes de désobéissance civile ou, moins spectaculairement, par des actions de communication en réaction à des campagnes de propagande. Pour ne citer que quelques actions environnementales ayant eu lieu en Belgique francophone : les actions du mouvement Extinction Rebellion, la ZAD d’Arlon ou de la Chartreuse, les campagnes de contre-affichage de Bruxelles sans pub, les happenings du collectif EZNL ou récemment l’action Code rouge.
Les prises de position chez Natagora
Il arrive qu’un groupe de volontaires Natagora se pose la question légitime des positions qu’il peut ou non revendiquer dans l’espace public. Les prochaines lignes donnent une réponse à cette question.
Premièrement, les prises de position officielles de l’association sont -pour la plupart- le fruit du travail de notre département Politique et Plaidoyer, validés par notre Conseil d’Administration (seule instance habilitée à formuler des prises de position au nom de Natagora sur des problèmes généraux de conservation de la nature et de sauvegarde de l'environnement). Il est déjà arrivé que des positions soient co-écrites avec d’autres structures et/ou un groupe de volontaires afin de bénéficier d’une expertise particulière. Voici donc un premier cadre : les prises de position publiques des groupes doivent être en adéquation avec ces positions officielles, ou en tout cas ne peuvent pas s'y opposer diamétralement.
Ensuite, la convention que signent nos différents groupes de volontaires propose une articulation théorique entre les compétences de “la centrale” et les groupes, dans son chapitre 6 intitulé “Limites de compétence”.
Ces deux cadres formels décrivent assez bien la dynamique descendante de la prise de position sur des grands sujets. Cependant, Natagora étant une association reconnue en Éducation Permanente, nous accordons énormément d’importance à l’autonomie de nos groupes. C’est par ailleurs une question de pertinence puisqu’un principe général peut tout à fait nécessiter des nuances voire des exceptions à l’échelle locale.
En résumé, nos positions sont -comme pour la plupart des mouvements- obtenues de façon plutôt descendante mais une dynamique ascendante permet à la fois d’alimenter le CA et d’enrichir nos positions de nuances ou d’exceptions ayant la force et la pertinence des réalités locales.
Si une question de ce type venait à se poser dans votre groupe, le meilleur réflexe est de contacter la cellule Réaction Locale si la problématique est locale (passez de préférence par le formulaire en bas de page). Si votre groupe souhaite émettre des propositions de changement d’une position existante ou si vous souhaitez en proposer une nouvelle, il vous faudra alors contacter le département Politique et Plaidoyer ou le CA. Le département Volontariat peut jouer le rôle d’interlocuteur dans ces démarches.
Conclusion
Différentes façons de s’impliquer coexistent au sein de Natagora dont des formes plus militantes.
Nos positions officielles sont par ailleurs déterminées par notre Conseil d'Administration.
Cette (bio-)diversité fait la richesse du mouvement et -comme dans la nature- la multiplicité des approches augmente les chances d’obtenir un résultat favorable. Chaque groupe de volontaires jouit d’une certaine autonomie d'action que nous vous invitons à explorer tout en acceptant que d'autres lui préfèreront d'autres formes.
En savoir plus
- La réaction locale - Natagora
- Nos prises de position - Natagora
- L'Éducation permanente (Fédération Wallonie Bruxelles)
- Le Manuel de Résistance - Occupons le terrain
- La carte des luttes citoyennes, territoriales et environnementales - Imagine Demain le monde
- Guide pour faire échouer des projets contre la nature - La Relève et la Peste (France)
- La carte des luttes contre les grands projets inutiles - Reporterre (France)
- Le guide pratique pour s'opposer à un projet - Greenpeace
- Faudra-t-il devenir « éco-furieux » ? - YouMatter
- Comprendre le droit de la protection de la nature - Nicolas de Sadeleer (Youtube)
- Quinoa ASBL