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Boucle du Hainaut : un projet à haute tension

Dernière mise à jour :

"Le projet Boucle du Hainaut consiste en la réalisation d’une nouvelle liaison électrique aérienne d’un niveau de tension de 380 kV et d’une capacité de transport de 6 GW entre les postes d’Avelgem et de Courcelles" peut-on lire sur le site officiel du projet.

Le projet de la Boucle du Hainaut vous inquiète ? Réagissez, étudiez le projet, observez les éventuelles atteintes à l'environnement, fédérez-vous et agissez! Natagora vous fournit les clés de lecture essentielles ci-dessous : mise en contexte, étude ornithologique et décryptage réglementaire.

La mobilisation citoyenne et Natagora

Natagora étant une association reconnue pour ses travaux scientifiques, nous tenons à rester précis et mesurés lorsque nous avançons des arguments scientifiques. Nous nous permettons donc de rappeler que Natagora n'a pas réponse à toutes les questions -par ailleurs probablement légitimes- des citoyens et collectifs qui nous sollicitent.

Nous avons par ailleurs à cœur d'outiller notre public lorsqu'il pense observer une nuisance environnementale, c'est le sens de notre projet de Réaction Locale. Dans cette optique, il est important de comprendre que Natagora ne formule d'avis "que" sur les impacts concernant la biodiversité. Pourtant bien d'autres questions pertinentes existent dans une perspective environnementale : impact sanitaire, bien-être animal, impact sur l'agriculture, etc. Nous recommandons donc de consulter l'avis d'autres structures pour vous forger le vôtre comme Canopea, la FUGEA ou encore la FWA (liens disponibles en fin d'article).

C'est nourri par tous ces avis que nous espérons voir des collectifs citoyens, affiliés à Natagora ou non, se saisir d'un dossier et décider de la marche à suivre par eux-mêmes. Un collectif organisé rassemblant des riverains pouvant avoir au moins autant d'impact qu'une association centralisée comme la nôtre. Plusieurs groupes de volontaires de Natagora ont leur territoire impacté par ce projet et nous les encourageons à se saisir de celui-ci pour rendre un avis:Natagora Dendre et Collines, Natagora Centre Ouest Hainaut ou Natagora Haute Senne.

La production d'énergie en Europe: des lignes à haute tension vouées à se démultiplier

Repower EU est la stratégie de la Commission Européenne qui vise à développer les sources d’énergies renouvelables dans toute l’Europe. Cette stratégie a été lancée en réponse à la crise énergétique qui traversait et l’Europe. Un des objectifs poursuivis est de rendre le continent indépendant énergétiquement. Ayant peu de ressources fossiles sur son territoire, l’Europe doit donc compter sur les énergies renouvelables pour devenir indépendante, d'où leur développement massif. De plus, Repower EU s’inscrit aussi dans la lignée du Green Deal Européen, stratégie longue durée lancée en 2019 et qui vise à rendre le continent Européen neutre en carbone en 2050. Le développement de ces sources d’énergie renouvelables s’inscrit donc également dans cette stratégie longue durée.

Le gouvernement belge, pour s’inscrire dans ce Green Deal et dans Repower EU, a décidé de développer massivement en mer du Nord l’énergie éolienne, dit éolien off shore. Afin d’acheminer toute cette énergie off shore, il faut donc prévoir des lignes hautes tensions pour amener l’énergie produite en mer sur terre.

Quels impacts?

Il est plutôt rare qu'un projet d'une telle ampleur (traversant deux régions et de nombreux milieux) se présente à nous. Sans surprise, beaucoup de volontaires et de riverains ont interpellé Natagora à travers, entre autres, sa cellule Réaction Locale pour essayer de comprendre quelles implications pourrait avoir ce projet sur la biodiversité ainsi traversée.

Pour ce genre de grands projets nous listons différents sortes d'impacts selon le tableau suivant :

  Durant les travaux Une fois les travaux finis
Sur les espèces   --> l'étude d'Aves <--
Sur les milieux    

Historiquement la société Elia, initiatrice du projet, a interpellé Natagora dans une démarche de réduction des impacts entre l'avifaune et son réseau électrique existant en 2012 déjà. Une étude mise à jour en 2020, disponible ici, a permis d'identifier les zones à risque à l'époque. 

Natagora s'engage donc dans la voie de la minimisation des impacts connus, même si cela implique de collaborer directement avec des développeurs de projets tant décriés par certains riverains.

Quelques précisions sur la portée de l'étude

L'étude d'Aves porte uniquement sur les impacts des lignes électriques aériennes sur l'avifaune à l'échelle du territoire belge. Il est possible que localement des impacts soient observables et le meilleur moyen de contribuer à les rendre visible est de les encoder dans le portail de sciences participatives qu'est observations.be.

Afin d'étendre la vision que nous portons sur ce dossier, nous avons interrogé nos collègues spécialistes des chauves-souris (Plecotus) et des batraciens (Rainne) et ils nous ont expliqué que la littérature scientifique existante ne permet pas de mettre en évidence un impact négatif notable dans des cas similaires. Dans certains cas même, lorsque des mesures compensatoires sont mises en place, c'est même l'inverse que l'on peut observer (voir le lien vers l'étude d'Ecofirst sur le sujet).

Notons qu'il existe peut-être également des impacts environnementaux que ceux sur la biodiversité sur lesquels nous ne sommes pas qualifiés pour nous exprimer en tant qu'association de protection de la nature en Wallonie et à Bruxelles. Nous pensons notamment aux impacts liés à l'excavation ou à l'énergie grise cachée derrière l'implémentation et l'entretien des lignes. La question de la production et la consommation énergétique belge est aussi un vaste sujet qui requiert une expertise que nous n'avons pas à ce jour en interne.

Par conséquent, les éléments scientifiques disponibles pour le moment, c'est-à-dire publié dans la littérature scientifique peer-reviewed, ne nous permettent pas d'identifier les ondes électromagnétiques produites par les lignes à haute tension comme une menace crédible à l'échelle globale sur les populations d'oiseaux ou d'autres éléments de la faune et de la flore. 

Il nous paraît important de collaborer autant que possible et en toute indépendance avec les différents gestionnaires du transport d'électricité pour minimiser les impacts qui sont bien connus (collision pour les lignes à haute tension, électrocutions pour les lignes à basse et moyenne tension).

Procédure administrative, où en est le projet de la Boucle du Hainaut?

Le Gouvernement wallon a validé début de l’année 2023 les orientations relatives au projet de liaison électrique à haute tension dit « Boucle du Hainaut » porté par ELIA. Il s’agit notamment d’inscrire aux plans de secteurs un périmètre de réservation provisoire. Cette étape est en effet nécessaire si l’on veut initier un rapport sur les incidences environnementales (RIE). L’auteur du RIE devra analyser les impacts environnementaux du projet , et proposer des mesures pour éviter ces impacts et les minimiser  au maximum. Si des alternatives techniques ou de localisation permettent de réduire les impacts sur l'environnement, elles seront également précisées. Elia pourra alors, sur base des recommandations du RIE, adapter son projet. Il sera ensuite soumis à enquête publique et à avis des différentes instances communales et régionales.

Révision du plan de secteur

La possibilité d'envoyer un avis se clôturait ce 12 octobre 2020 dans le cadre de la modification du plan de secteur devant permettre à ce type d’aménagement de se développer dans les parcelles concernées.La première étape de la procédure d’information a donc eu lieu. Cette phase de consultation qui a suivi la réunion d’information préalable du public a suscité un nombre significatif d’alternatives qui ont été consignées et qu’il y a lieu de prendre en considération dans la suite de la procédure. Le projet est en effet susceptible d’incidences notables sur l’environnement et le cadre de vie et doit dès lors être soumis à évaluation des incidences sous la forme de rapport sur les incidences environnementales (RIE). Il appartiendra donc au bureau d’étude agréé, chargé du rapport sur les incidences environnementales d’identifier les alternatives au projet, de les évaluer et de proposer les évolutions à apporter au dossier ainsi qu’au tracé retenu provisoirement dans l’arrêté de projet. L’étude des alternatives sera conduite en vue de minimiser les impacts de la ligne sur la santé humaine et animale, sur le cadre de vie, sur le patrimoine, les espaces naturels, ... notamment dans la lignée des orientations du Gouvernement en matière de champs électromagnétiques.

L’adoption d’un arrêté de projet de révision de plan de secteur ne peut donc, en l’état, se faire que sur la base de l’hypothèse du tracé proposé par Elia dans son dossier de base même si la méthodologie suivie par Elia pour déterminer la localisation du tracé ne doit pas être tenue pour acquise. En effet, des localisations alternatives pourraient très vraisemblablement intervenir.

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