Sauvetages de batraciens 2024 : le bilan
Encore un immense merci à toutes et tous pour votre implication, en soirée, sur les bords de route, pour vos encodages sur observations.be et pour vos réponses au formulaire d’évaluation. Ces réponses sont très précieuses pour pouvoir faire un bilan de la saison.
S'investir dans le sauvetage des batraciens demande une sacrée motivation et de l’endurance sur plusieurs semaines. Heureusement, vous avez été nombreux et nombreuses à vous mobiliser cette année !
De février à avril, vous étiez plus de 150 à organiser des sauvetages et à être repris comme contacts sur la carte. Par ailleurs, 350 personnes reçoivent la dépêche des organisateurs. Selon vos évaluations, plus de 1100 volontaires participent aux sauvetages en Wallonie et plus de 155 à Bruxelles.
Retour en chiffre sur l'action 2024.
L'édition 2024 en quelques chiffres
Cette année, comme les deux années précédentes, vous êtes une majorité à constater une diminution des traversées. Le début de la saison 2024 a été assez précoce : certains batraciens traversaient déjà fin janvier dans certaines régions.
- 364 sites migratoires sont répertoriés sur notre carte interactive en 2024, 350 en Wallonie et 14 à Bruxelles. Les sites sont aussi répertoriés sur observations.be dans “Projets”, dans “Amphibiens sur la route”. C’est sur ce site que vous encodez les données des sauvetages.
Selon vos réponses au formulaire d’évaluation :
- 75 564 batraciens ont été sauvés, dont 64 018 en Wallonie et 11 546 à Bruxelles.
- 5 769 batraciens ont été retrouvés morts.
Selon les encodages sur observations.be :
- 59 324 batraciens ont été sauvés.
- 4 890 batraciens ont été retrouvés morts.
Au vu des encodages, le crapaud commun est sans surprise l’amphibien le plus concerné par les migrations. Loin derrière, on retrouve la grenouille rousse et puis le triton alpestre, suivi des autres espèces de tritons.
Vous continuez à nous communiquer vos chiffres via l’évaluation et vous êtes de plus en plus nombreux à encoder sur observations.be. Les chiffres augmentent donc, mais on sait que le nombre d’animaux qui migrent diminue d’année en année. Au total, toutes années confondues, il y a 205 sites pour lesquels il y a eu des encodages (sur 364 sites répertoriés aujourd’hui). L’encodage des données sur observations.be est le meilleur moyen de suivre l’évolution des populations d’année en année.
Selon vous, il reste difficile de mobiliser des volontaires. La taille des groupes diffère beaucoup d’un site à l’autre. Pour la plupart des sites, le nombre de volontaires impliqués est inférieur à 10 personnes. Beaucoup d’entre vous sont seuls ou très peu nombreux sur le terrain.
Quelques thématiques importantes à retenir !
Une diminution de passages
Malgré une météo plus favorable aux amphibiens car particulièrement pluvieuse cette année, la tendance est à nouveau à la baisse des traversées. Dans les évaluations, 42 d’entre vous parlent de diminution sur leur(s) site(s) de sauvetage et 21 ont quand même constaté une augmentation.
En 2023, 48 sites étaient en diminution et seulement 10 en augmentation. A nouveau, plusieurs d’entre vous parlent de disparition ou de quasi-disparition de leur site de migration car vous n’y voyez plus de migration.
Les raisons supposées de cette diminution
Les raisons évoquées sont les mêmes que les autres années : les conditions climatiques de cette année (vous parlez de grandes variations) ou des années précédentes, des travaux (urbanisation et/ou coupes de zones boisées) ou encore le non-entretien, l’empoissonnement ou la pollution des zones humides.
Une des anecdotes partagées dans le formulaire d’évaluation l’illustre bien : “Encore une fois, la triste anecdote du curage des fossés par les Services communaux en pleine migration et de la pulvérisation massive du fossé par un agriculteur peu respectueux sur les quelques centaines de mètres occupés par le petit peuple des batraciens du hameau.”
D’autres évoquent la chute généralisée de la biodiversité et les dégâts causés par les prédateurs comme les sangliers, les ratons laveurs ou encore les pies. Ils prélèvent parfois directement les batraciens dans les seaux de capture des barrages. Enfin, pour d’autres, le site est devenu impraticable car les automobilistes ne ralentissent pas. Heureusement, certains sont de véritables soutiens comme en témoigne cette anecdote : “Un jour, alors qu'on ramassait les grenouilles après une nuit chaude, une personne en voiture s'est arrêté à ma hauteur pour me proposer gratuitement une veste de pompier, chaude et imperméable”.
Il y a bien sûr aussi le manque de disponibilité et le manque de volontaires pour se rendre sur le terrain.
Pour expliquer les augmentations qui ont eu lieu à certains endroits, vous évoquez la météo pluvieuse de cette année, l’aide de nouveaux volontaires et l’installation de barrages temporaires pour la première fois. Comme quoi, vos actions comptent énormément !
Les différents acteurs des sauvetages
Sur les 100 évaluations reçues, 77 groupes travaillent avec la commune (Service environnement, Éco-conseiller.e, PCDN, syndicat d’initiative) : pose des panneaux de signalisation sur les voiries, communication auprès du grand public, recrutement de volontaires, participation à l’installation d’un barrage temporaire… Dans quelques groupes wallons, les communes ont introduit une demande de subside BiodiverCité. Certains déplorent encore le manque d’implication de leur commune.
Les communes restent un partenaire fondamental des sauvetages de batraciens et leur aide peut vraiment être précieuse. Nous sommes de plus en plus en contact étroit avec elles. N’hésitez pas à nous faire part de toute bonne collaboration inspirante avec votre commune, mais aussi à revenir vers nous en cas de blocage et de difficulté.
Certains groupes travaillent avec des associations locales (comités de quartier, contrats de rivière, groupes en transition, associations de défense des sentiers…), avec des écoles, avec des maisons de jeunes, avec l’Observatoire de l’environnement, Occupons le terrain, avec des parcs naturels, des régionales Natagora, avec des cercles CNB, avec les guides nature du Pays des Collines, Aves, un CREAVES, avec Ardenne et Gaume ou encore avec des écoles et des étudiants… Certains travaillent avec le Département de la Nature et des Forêts de la Région wallonne (DNF) ou la Fédération rurale de Wallonie (FRW). Pour la plupart, vous combinez plusieurs types de partenaires. Vous êtes très peu à n’avoir pas développé de partenariat.
Les points noirs de la saison 2024
Plusieurs éléments ont été mis en évidence. A nouveau, le manque de volontaires reste un problème fondamental. Vous pointez également la sécurité sur les sites, en lien avec la vitesse élevée des automobilistes, ainsi que l’illustre cette anecdote partagée via le formulaire d’évaluation : “Alors que je ramassais un animal sur la route et qu’une jeune conductrice a été énervée du fait qu‘elle a dû freiner, je lui ai suggéré que si elle roulait à la vitesse permise de 30km/h elle aurait dû moins freiner. Elle a répondu « le 30km/h c’est un conseil, pas une obligation ».”
Vous aimeriez aussi plus de communication au niveau des médias et du grand public. Pour la communication auprès du grand public et donc de votre public local, nous mettons des outils à votre disposition via le dossier partagé des organisateurs, visible ici. N’hésitez pas à les décliner pour votre site. Voici une anecdote qui illustre bien l’importance de la sensibilisation locale : “Nous avons placé un panneau didactique qui a fait ses preuves puisque nous avons pu ainsi engager la conversation avec plusieurs passants, intrigués par nos activités nocturnes et matinales.”
Vous êtes plusieurs à demander un plus grand investissement des pouvoirs publics. C’est un travail constant que nous faisons avec la Région wallonne, Bruxelles Environnement et les communes. De plus en plus de communes reçoivent la dépêche des organisateurs. Si ce n’est pas le cas de la vôtre, n’hésitez pas à leur proposer de s’inscrire, via cette page.
Une première : l’action “Sécurité sur les routes”
Le 15 février, 5 actions ont été organisées sur 5 sites de sauvetage. Suite à vos inquiétudes liées à l’insécurité sur les routes, nous avons organisé cette action de sensibilisation du grand public pour la première fois en 2024. Il s’agit de se poster sur la route, au niveau d’un site de sauvetage, avec l’aide de la police et avec la signalisation en place. La police arrête les voitures. Les volontaires peuvent expliquer l'importance de respecter la limitation de vitesse et donnerle flyer aux automobilistes. Quelque 240 automobilistes ont été sensibilisés aux migrations et à votre présence sur les routes. 23 volontaires, 6 employé·es communaux, une dizaine de policiers, 1 agent DNF, 1 employé d’un parc naturel et 2 employé·es Natagora se sont mobilisé·es ce soir-là. La presse a été en partie au rendez-vous mais la visibilité pourrait être améliorée au niveau local.
Deux journées thématiques sur les batraciens
Le 16 novembre, la journée des organisateur·ices de sauvetages a accueilli 51 personnes pour échanger sur l'action. Des volontaires des sauvetages en Wallonie et à Bruxelles et des membres du Groupe de travail (GT) Migrations du pôle Raînne se sont réuni·es pour partager l’actualité des sauvetages et les défis à relever pour 2025. Plus d’info et les traces de la journée via ce lien.
La Journée des observateurs de Raînne, organisée tous les deux ans par le pôle Raînne, est dédiée aux amphibiens et aux reptiles de Wallonie. Elle s’est tenue fin octobre à Nivelles. Toutes les présentations de la journée sont disponibles via ce lien.
Et pour 2025 ?
Nous guetterons la météo plus tôt afin de vous tenir informé·es de départs précoces éventuels ; nous vous invitons à faire de même dès fin janvier.
L’accent sera à nouveau mis sur la sécurité. Les 11 et 12 février 2025, nous voulons à nouveau organiser l’action “Sécurité sur les routes” conjointe avec les polices locales et les communes. Notre objectif pour 2025 est d'organiser au minimum deux actions par Province. Nous comptons sur vous pour nous aider à atteindre notre objectif et ainsi faire de l'événement une action nationale pour avoir un plus grand retentissement auprès de la presse. N’hésitez pas à sonder les disponibilités de votre commune et de la police avant de choisir une des deux dates.
Workplace
Les organisateurs de sauvetage disposent d’un groupe qui leur est réservé sur Workplace, la plateforme de communication officielle de Natagora. Elle permet non seulement un échange entre les organisateurs de sauvetage mais aussi avec tous les volontaires et le staff de Natagora. On y trouve aussi une “bibliothèque de connaissances” où des liens de documents et de vidéos sont partagés. La plateforme est de plus en plus utilisée par les volontaires. Actuellement le groupe se compose de 399 volontaires impliqués dans les événements multi-sites. N'hésitez pas à nous y rejoindre. Pour demander vos codes d’accès, merci d’envoyer un mail à event@natagora.be.
Encore un énorme merci à tous les acteurs impliqués dans cette opération !
Aude Jacomet