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Nouvelle PAC, nouveaux espoirs

(11 septembre 2020)

Natagora surveille de près les liens entre agriculture et biodiversité qui ne sont plus à démontrer. Une simple visite sur la page dédiée permet de se convaincre que naturalistes et agriculteurs ont tout intérêt à collaborer face aux grand enjeux de notre époque.

Dans ce contexte, la rédaction et la prochaine adoption de la nouvelle version de la PAC (Politique Agricole Commune) est un événement majeur qui retient l'attention de nos équipes.

Nous souhaitons, à travers cet article faire un point sur deux rendez-vous en particulier permettant une organisation de la mobilisation des volontaires : le vote au Parlement européen et le vote au Parlement wallon.

Pourquoi est-ce si important ?

D’un côté, les contribuables de l’UE paient 58 milliards d’euros à la PAC chaque année, soit 114 € par citoyen de l’UE. D’un autre côté, la PAC a une influence déterminante sur la manière d’exploiter plus de 40% des terres de l’UE. Cela représente donc une grosse surface.

Seuls 7% du budget vont à l’environnement, le restant finance des pratiques qui nuisent, pour certaines, à la biodiversité, au climat, à l’air, à l’eau et aux sols.

De nombreuses études récentes confirment la crise de la biodiversité dans les milieux agricoles wallons. Le rapport 2019 sur la Directive européenne « Habitats »  révèle que plus de 70% des espèces en lien avec l’agriculture sont dans un état de conservation défavorable ; et que la totalité (!) des habitats en lien avec l’agriculture le sont. 17% des habitats prairiaux patrimoniaux ont disparu depuis seulement 6 ans. C’est d’ailleurs ces éléments qui ont amené Natagora à faire des milieux agricoles une de ses priorités du plan stratégique en cours.

Le message que nous voulons faire passer est que la PAC doit donc être réformée en profondeur pour que l’argent public serve à la collectivité et donc à la biodiversité. 

Les 3 propositions de Natagora pour une PAC "biodiversity friendly" en Europe

1. Définir un minimum de 10% d’espace pour la nature sur toutes les fermes

L’espace pour la nature fait référence à des zones qui ne sont pas cultivées, telles que haies, bandes fleuries, zones humides ou tout autre habitat laissé (ou géré) pour biodiversité. Un minimum de 10% tous paysages agricoles confondus sont nécessaires pour l’alimentation, l’habitat et la reproduction des insectes, oiseaux et autres animaux.  Au cœur des espaces cultivés, ces éléments protègent ou même augmentent la productivité en fournissant des services environnementaux tels que pollinisation, contrôle des ravageurs, protection des sols et des eaux.

Cela sera permis par des espaces obligatoires dans toutes les fermes (conditionnalité) et des mesures volontaires (voir la solution suivante « l’argent pour la nature »), et à la fois par des normes renforcées et mesures assurant une réduction drastique de l’usage d’engrais et de pesticides. Ce sont des points clés pour atteindre les objectifs des nouvelles stratégies européennes Farm to Fork et biodiversité (-50% d’usage et de toxicité des pesticides, 10% de paysages riches en biodiversité dans tous les milieux agricoles).

2. 15 milliards d‘€ / an pour la nature dans la PAC

Afin de créer, au-delà des exigences minimales réglementaires, des incitations positives pour que les utilisateurs des terres adoptent une gestion favorable à la conservation de la nature, et également afin de financer la planification, la gestion et le suivi-évaluation de la conservation de la nature, l’UE devrait réserver 15 milliards du budget de la PAC chaque année pour la biodiversité. Ce budget doit être identifié légalement dans le Cadre Financier Pluriannuel de l’UE. 

3. Investir dans une transition juste et équitable

Qu’est-ce que la transition pour la nature?

Pour sauver notre planète nous devons transformer notre économie, et en particulier la façon dont nous exploitons la terre. Nous devons aider les agriculteurs à évoluer vers un business model qui est compatible avec les un développement durable pour la nature, la santé publique et notre planète. Cette transition doit être équitable pour tous les acteurs des filières du producteur au consommateur, et pour les contribuables.

En comparaison avec d’autres secteurs, l’agriculture européenne a l’avantage d’avoir déjà un budget identifié pour elle, grâce à la PAC. Cependant, 75% de cet argent public est actuellement bloqué dans des aides au revenu forfaitaires à l’hectare cultivé, appelées les paiements directs. Ces paiements directs sont inefficaces économiquement, injustes socialement et préjudiciables pour l’environnement.  Cela représente plus de 40 Milliards d‘€ chaque année!  Dépensés sans considération pour les besoins et les performances des agriculteurs. 

Notre demande : cesser immédiatement tout paiement néfaste pour l’environnement, et évoluer des paiements directs vers des paiements qui financent la transition vers des systèmes justes et durables.

Les agriculteurs doivent être aidés pour réaliser une transition de systèmes intensifs en intrants chimiques qui visent à maximiser la production, vers des systèmes agroécologiques qui respectent nos limites planétaires. Toutes les dimensions sociales, économiques et environnementales devraient être couvertes systémiquement, comme c’est le cas de l’agriculture biologique, l’autonomie fourragère, la diversification des circuits commerciaux y compris en circuits courts, les marchés publics qui privilégient des aliments respectueux de la nature et du climat, la réduction du gaspillage alimentaire. A l’inverse, subventionner de nouvelles étables pour des élevages industriels n’a pas de sens.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Cette nouvelle PAC arrivera "d’ici peu" au parlement européen pour être voté. De sorte à préparer le vote, deux commissions parlementaires ont jusqu’à présent traité de la proposition de la Commission Européenne, a commission environnement et la commission agriculture.

Mais la commission environnement vient de se désolidariser de la commission agriculture, faute de trouver un accord satisfaisant sur les questions environnementales. En attendant de savoir comment va se passer le vote en plénière, les groupes politiques travaillent sur leur position PAC, et il est important de sensibiliser les députés européens de tous bords aux enjeux de la biodiversité. 

Aux dernières nouvelles, le vote en plénière au Parlement Européen devait avoir lieu en octobre mais les événements de ces derniers mois ne nous permettent pas d’affirmer une date.

Qu’est-ce que cela à avoir avec les volontaires de Natagora ?

Nous sommes nombreux à l'ignorer (ou à l’oublier juste après avoir voté) mais plusieurs députés belges francophones siègent dans ce parlement européen et, certains d’entre eux, font partie des deux commissions sus-mentionnées.

En d’autres termes: les membres de ces commissions et de ce parlement assurent un mandat d'échevinat, de bourgmestre de nos communes ou sont simplement nos voisin·e·s de quartier.

En partenariat avec Birdlife, Natagora va mener une campagne d'interpellation des députés belges francophones résidant sur son territoire d'action (Wallonie-Bruxelles). Les groupes locaux de volontaires concernés sont donc partie prenante de cette démarche en tant qu'acteurs locaux. Nous continuons à défendre l'idée que l'ancrage local est notre meilleure garantie d'être pertinents dans nos actions!

Deux étapes cruciales, deux occasions de se mobiliser

Un mois avant le vote : interpeller les parlementaires

Natagora propose aux groupes de volontaires qui le souhaitent d’interpeller les parlementaires au travers de divers outils tel que les réseaux sociaux (voir visuels ci-après), des rencontres, des courriers, une balade de sorte à leur faire entendre à l’opinion et les revendications de Natagora sur la question.
Tant le département Volontariat que le département Politique Générale vous soutiendront dans cette démarche. Ce vote est initialement prévu fin octobre, mais la date définitive sera connue ultérieurement et communiquée aux groupes souhaitant ayant manifesté leur intérêt. 

Début 2021 : adoption au parlement Wallon

Cette étape au niveau européen n’est en fait que la prémisse d’une intégration dans la réalité wallonne. L’élaboration et la validation des textes wallons mobilisera non seulement le personnel et les volontaires de Natagora mais aussi ses membres et sympathisants pour que le futur plan stratégique PAC wallon soit à la hauteur des enjeux de la biodiversité.

Vous l'avez compris, le chemin est encore long mais nous vouloir croire que nous pouvons faire la différence à vos côtés et aux côtés de nos partenaires européens faisant partie du réseau BirdLife (qui a fourni les visuels que nous vous invitons à diffuser largement). Merci pour votre lecture attentive et pour votre engagement présent et futur !

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