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Retour sur les mobilisations autour des terres vivantes à Bruxelles

Après des siècles d’extension continue, la Région de Bruxelles-Capitale se questionne sur sa gestion de ses derniers espaces de pleine terre.

Dernière mise à jour :

Contexte de la mobilisation

Comme l’a écrit Cyril Frayssinet pour Canopea (anciennement "Inter-Environnement Wallonie") : “la densification par construction de bâtiments supplémentaires n’est pas une réponse adéquate à l’étalement urbain et aux dérèglements climatiques.”.

D’aucuns répètent pourtant que l’urbanisation de la ville et sa densification sont des solutions à l’étalement urbain. Si cela peut être vrai dans le cadre d’une coopération idéale entre des régions qui organiseraient la protection large d’espaces naturels « à la campagne », cela ne fonctionne pas en l’absence de règles protectrices. En Belgique, le développement des villes n’a jamais freiné l’étalement urbain : la surface artificialisée par habitant y est de 560 m², alors qu’elle est de 350 m² aux Pays-Bas, de 460 au Luxembourg, de 510 en France et 290 en Espagne. (1)

Le taux d’imperméabilisation de la Région augmente. Ou du moins,  une étude de l’évolution de l’imperméabilisation du sol en RBC a estimé que le taux d’imperméabilisation avait doublé en 50 ans, passant de 26% en 1955 à 47% en 2006 sur l’ensemble du territoire de la Région.(2) Les chiffres n’ont pas été mis à jour depuis 2006 mais il n'y a pas de raison de croire que la tendance se soit inversée depuis.
C’est dans ce contexte que des citoyen·nes en Région de Bruxelles-Capitale -mais aussi à Liège ou Charleroi- se mobilisent pour protéger les espaces vert de fait des milieux urbains.
Un espace vert de fait, c’est quoi? Ce sont ces espaces sur lesquels la nature est présente mais qui ne sont pas reconnus comme des espaces verts dans les cadres légaux réglementaires. Il s’agit souvent de friches mais aussi des espaces où la nature a toujours été présente mais qu’on a décidé d’affecter à de la construction pour répondre aux besoins de logements, d’industrie ou encore de bureaux.

Une manifestation contre l’artificialisation des sols

C'est dans ce contexte que des collectifs citoyens bruxellois se mobilisaient pour défendre un  moratoire sur la destruction de la nature à Bruxelles le 12 février, questionnant les autorités publiques sur le rôle qu’elles jouent dans le sacrifice des derniers espaces naturels, nos principaux alliés pour faire face au dérèglement climatique et à la crise de la biodiversité.

Plusieurs représentant·es de collectifs citoyens, dont Natagora, ont symboliquement jeté de la terre provenant des zones vertes à protéger, sur une fresque représentant un trou béant, dessinée sur la place de l'Albertine par un artiste : un peu de terre de la friche Josaphat, de l’hippodrome de Boitsfort, du Donderberg, ... 

Le groupe s'est ensuite dirigé vers le parlement pour y déposer sa demande de moratoire qui avait été transmis précédemment au Ministre-président de la Région.

Voici deux éléments que nous mettons en avant:

1. Un moratoire collectif

Le tuiniersforum des jardiniers a rassemblé soixante-trois collectifs et associations pour un moratoire sur la délivrance de toute autorisation d'endommager et détruire les espaces naturels bruxellois de manière à mettre à l'abri la biodiversité et les habitats naturels, préalable indispensable à une réflexion sereine et apaisée.

Il s'agit en réalité une supra-structure formée de collectifs de riverains déterminés à défendre les espaces verts bruxellois. Autre structure mais qui poursuit cette idée qu’ensemble on est plus fort : Occupons le Terrain.

2. Une action symbolique

Plusieurs représentant·es de collectifs citoyens ont symboliquement jeté de la terre provenant des zones vertes à protéger, sur une fresque représentant un trou béant, dessinée sur la place de l'Albertine par un artiste: un peu de terre de la friche Josaphat, de l’hippodrome de Boitsfort, du Donderberg, ..

La terre a ensuite été mélangée et rendue aux collectifs participantes.

Pour finir …

Le collectif et l’action symbolique sont souvent deux ingrédients qui peuvent servir à se faire entendre.

À l'heure actuelle, nous ne pouvons qu'espérer que les collectifs bruxellois obtiennent ce moratoire mais nous nous réjouissons dores et déjà de ce rassemblement et du travail qu’ils arrivent à réaliser ensemble. Comme le dit si bien notre devise nationale "l'union fait la force". Nous espérons pouvoir continuer à nous associer à d'autres collectifs défendant une vision sociétale compatible à la notre (et pourquoi pas sur des thématiques connexes comme le droit au logement).

Sur le même sujet

Références

(1) "La ville stationnaire. Comment mettre fin à l’étalement urbain ?" Philippe Bihouix, Sophie Jeantet, Clémence De Selva, Actes Sud, 2022 (p. 305)

(2) "Etude de l’évolution de l’imperméabilisation du sol en Région de Bruxelles-Capitale" Etude réalisée par l’ULB/IGEAT pour le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Administration de l’Equipement et des Déplacements/Direction de l’Eau.

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