
Education permanente : kézako ?
Certains parmi vous ont peut-être déjà entendu parler d’éducation permanente chez Natagora. Mais qu’entend-on exactement par éducation permanente ? Et comment se décline-t-elle au sein de notre association ?
Un peu d’histoire
Pour comprendre ce qu’est l’éducation permanente, nous devons partir quelques siècles en arrière, à l’époque des lumières. Au 18e siècle, Nicolas de Condorcet écrivait déjà : Tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auraient été brisées, en vain ces opinions de commandes seraient d’utiles vérités; le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes: celle des hommes qui raisonnent, et celle des hommes qui croient. Celle des maîtres et celle des esclaves.
C’est l’idée d’une éducation permanente à finalité civique, au-delà de l’éducation initiale. Le citoyen serait constamment en renouvellement de son instruction et de sa vision du monde.
Lors de la révolution industrielle, avec la naissance des mouvements ouvriers, l’école a été perçue comme un lieu de propagation de savoirs des classes. Est alors né la nécessité de construire des savoirs d’émancipation, des savoirs qui sont en adéquation avec la réalité des individus.
Au début du siècle dernier, ces mouvements ont permis l’émergence de nouveaux droits, comme celui du suffrage universel par exemple ou encore le droit de s’organiser en tant qu’association. Les mouvements ouvriers, organisés en tant qu’asbl, pratiquaient alors l’éducation populaire.
Ce n’est qu’en 1976 qu’en Belgique francophone le gouvernement a décidé de créer un renforcement structurel aux associations qui pratiquaient cette éducation populaire, éducation populaire qui a alors été baptisé « éducation permanente ». L’éducation permanente est de l’éducation populaire avec la différence majeure que l’Etat paie pour la pratiquer.
Un financement émancipateur
Selon la circulaire ministérielle: Cette démarche associative repose sur la conviction que la dimension critique joue un rôle signifiant quant à la mise en œuvre d’un lien social, créateur de solidarité. Elle procède d’une désobéissance créatrice et alimente cette désobéissance.
Chose curieuse en soi : pourquoi l’Etat paierait-il pour être critiqué et inciter à la désobéissance ?
La réponse est simple : pour garantir la démocratie, pour inciter les publics populaires à s’émanciper, à devenir acteurs de changements, plutôt que de se résigner et de voter extrême droite.
Selon le décret, l’éducation permanente vise l'analyse critique de la société, la stimulation d'initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l'exercice des droits civils et politiques, sociaux, économiques, culturels et environnementaux dans une perspective d'émancipation individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l'expression culturelle. Cet objet est assuré par le soutien aux associations qui ont pour objectif de favoriser et de développer, principalement chez les adultes :
- une prise de conscience et une connaissance critique des réalités de la société;
- des capacités d'analyse, de choix, d'action et d'évaluation;
- des attitudes de responsabilité et de participation active à la vie sociale, économique, culturelle et politique.
Ce financement public est actuellement géré par le ministère de la culture de la Fédération Wallonie Bruxelles. Et c’est une ressource d’autant plus précieuse qu’elle est unique en son genre : les autres pays européens, ainsi que la Flandre, ne bénéficient pas - ou plus - de financements structurels de ce gabarit. Il est donc primordial de protéger ce subside, qui bénéficie à de nombreuses associations francophones (273 en avril 2025), et joue un rôle non négligeable dans la lutte contre l’extrême droite et pour la défense et le développement de nos droits.

Et Natagora dans tout cela ?
Vous aurez probablement retenu le passage sur les droits environnementaux ci-dessus et vous n’êtes probablement pas sans savoir que les Natagoriens mènent bon nombre d’actions de militance pour protéger la nature et l’environnement.
Depuis sa naissance il y a 20 ans, Natagora est reconnue en éducation permanente (et Aves l’était déjà auparavant). Aujourd’hui nous sommes reconnus en axe 1 et en axe 4. Voici ci-dessous la structure des activités d’éducation permanente chez Natagora. Au sein de chaque département des processus et activités sont menés annuellement en éducation permanente.
Pour résumer en une phrase : l’éducation permanente, c’est l’opportunité de défendre et de créer de nouveaux droits environnementaux avec des publics populaires.
Ou pour le dire avec les mots de Martin Luther King :
"Vous n’êtes peut-être pas responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez, mais vous le deviendrez si vous ne faites rien pour la changer."
Pour aller plus loin :
Eduquer. Tribune laïque n° 159: L’Éducation permanente, une démarche fondatrice de la démocratie culturelle
Circulaire ministérielle
Décret d’éducation permanente
Arrêté du gouvernement